Facétieuse destinée pour une simple ballade [pour Ash]

Invité

La journée était enfin finie... Mais de quelle journée était il question au fait ? Etions nous lundi, mardi ou un autre jour ? Elle avait passé tant de temps prisonnière volontaire de cette clinique qu'elle en venait lentement mais si surement la notion du temps. Son travail, sa passion... Pour elle il n'y a aucun sacrifice qu'elle ne puisse faire. Son temps, son énergie, ses forces... elle lui donnait tout. Et même lorsque, comme ce soir, elle se sentait à bouts, elle savait qu'elle ne renoncerait pas pour autant. Que le lendemain, elle se lèverait une fois de plus aux aurores et le coeur guilleret et vaillant elle s'en irait retrouver ce lieu qu'elle considérait à présent comme sa première maison, son foyer. C'était cela sa vie et malgré tous les inconvénients qu'une telle existence pouvait générer elle en était heureuse.

La nuit tombait peu à peu sur la basse ville sans que la jeune femme ne s'en rende réellement compte. Içi le jour était si triste sans soleil, sans clarté, que la frontière le séparant de la nuit était mince. Les ténèbres, déjà présentes, s'étendaient et se densifiaient juste un peu plus, formant comme une lourde chappe au dessus des habitants du quartier. A ce moment précis, entre chien et loup, il ne faisait pas bon s'attarder trop longtemps dans les rues. Celles ci étaient aux mains des Sins et bien que fort peu d'incidents aient été déplorés, rares étaient ceux qui osaient ainsi défier la destinée ! Raïden, elle, ne se posait même pas la question. Elle était lasse et ne désirait qu'une chose, rentrer chez elle et se laisser couler dans son lit pour y trouver, elle l'espérait, un sommeil réparateur.

Mais, une fois de plus, cela allait devoir attendre. Alors qu'elle était sur le point d'emprunter une petite ruelle sombre mais qui la menerait tellement plus vite chez elle, la jeune femme entendit des pleurs lui parvenir. Il ne lui fallut pas longtemps pour repérer l'endroit d'où venaient ces sanglots qui lui déchiraient déjà le coeur. Là bas, à quelques dizaines de mètres à peine, un enfant gisait sur le sol, tenant son genoux entre ses mains et versant toutes les larmes de son petit corps. Oubliant sa fatigue, Raïden se précipita vers le garçonnet. Un doux et rassurant sourire accroché à ses lèvres, elle s'agenouilla doucement près de lui. Approchant lentement, pour ne pas l'effrayer, sa main de son minois, elle essuya du bout de ses doigts les larmes qui roulaient sur ces joues rondes. Puis elle se pencha et murmura quelques mots à l'oreille de l'enfant. Cessant de pleurer, celui ci hôcha de la tête et levant vers elle ses grands yeux bleus, il la laissa examiner sa plaie. Rien de bien méchant en fait, une simple égratignure... Il y avait heureusement eu plus de peur que de mal. Ouvrant sa sacoche qui ne contenait malheureusement que peu de choses, elle en sortit de quoi désinfecter la plaie et mettre un léger pansement. Une fois ceci fait, elle aida le petit à se relever. Celui ci se hissa sur la pointe des pieds et déposa sur la joue de la belle un innocent baiser de reconnaissance, puis non sans lui avoir un geste de la main il disparut, comme hâppé par les ténèbres.

Raïden sourit de bon coeur et demeura un instant immobile, soucieuse d'accompagner, aussi longtemps que sa vue le lui permettrait, son si jeune patient. Une fois la silhouette de celui disparue, elle rangea son matériel et enfouissant ses mains au creux des poches de son blouson, elle reprit son chemin. Mais quelque chose avait changé en elle. Sa fatigue évanouie, ses sens étaient à présent en alerte et semblait lui signaler une présence étrangère. Intriguée mais guère inquiète, Raîden scruta la pénombre environnante. Là, à quelques pas seulement, elle vit se dessiner une fine silhouette.

Le vice et les paris. Sa vie, son mystère...Elle quittait l'antre des perversions humaines pour rejoindre celui de leur espoir. Etrange transition, mais elle le faisait si facilement. Cette fois encore, l'écho de la rue était venue murmurer a ses oreilles, et comme toujours, Sîn avait écouté. Avec déférences, car la rue était la voix de la Plèbe. Elle...Leur voeux.

Son domaine, son royaume, sa mère, la rue. Elle la connaissait par coeur, en savait tout les secrets, et lui murmurait ses paroles lorsque les heures les plus sombres s'éveillaient.

Et la rue pleurait, elle s'arrêta. Cherchant l'origine de ses chuchotements, l'ombre se mets en marche, attentive. Les plaies de la rues étaient les siennes.

Dissimulée dans l'ombre d'un parvis souillé, elle pose les yeux sur une scène si étrangère au théatre de cette ville. Elle ne dit rien, pas encore. Elle observe et s'interroge. Et l'enfant détale, il cours rejoindre ce qui lui sers de mère de substitution. Que veux cette femme ? Ici, rien n'était gratuit, rien ! Chaques sourires avaient son prix, chaques regards, chaques rêves...Elle n'est pas discrète, elle n'a pas désirée l'être. Elle affronte le regard qui se pose sur elle, sur son ombre. Alors elle s'avance. Maîtresse en son domaine, Reine en son royaume. Ash', Ombre de Sîn, c'est ainsi qu'on la surnomme parfois dans les salons richement décorés des pédants. Pour les siens, elle n'est qu'Astéride...

-Il est plutôt dangereux de parcourir les rues a cette heure ci...

Invité

Les yeux de la femme médecin ne cillèrent même pas lorsque cette fine silhouette surgit finalement de l'ombre pour s'avancer vers elle. Et enfin Ra¨den put voir celel dont elel avait si bien senti la présence. Gracieuse et ravissante, elle semblait être son opposé. Là où l'une était lumière, l'autre était ténèbre. Là où l'une n'était que limpidité, l'autre n'était que mystère. Leurs deux beautés rivalisaient, se complétant en fait bien plus qu'elles ne s'opposaient réellement. Lorsque la voix de l'inconnue s'éleva, Raïden ne put réprimer un sourire. Sans se départir de son calme, elle glissa lentement une main hors de sa poche et passant cette main dans sa longue chevelure de jais, elle dit :

-" Dangereux ? Que pourrais je donc craindre dans ces rues qui m'ont vue naître et grandir ? Je n'en ai peut être plus l'air mais je suis une enfant de la rue... Et ce n'est pas le fait d'être devenue médecin qui changera ce que je suis dans mon coeur et dans mon âme... " dit elle sur un léger ton de défi et non sans une pointe d'ironie.

Puis, sans mots dire ni sans même se préoccuper de l'autre femme, elle fit quelques pas et vint s'adosser au mur d'une batisse, plongeant ainsi sa frêle silhouette dans la pénombre. Appuyant sa tête contre le mur, elle laissa sa voix d'une imperturbable douceur demander, légèrement moqueuse :

- " Mais... permettez que je m'étonne d'une telle mise en garde. Vous sentez vous si différente ou tellement plus forte que moi pour me prodiguer un conseil que vous même ne semblez paas décidée à suivre ? En tous cas, soyez rassurée... Je ne crains rien. " dit elle un sourire radieux sur ses lèvres.

-Le discours est beau, les paroles sont douces, mais l'attitude est hautaine et dédaigneuse.

Ses lèvres s'ourlent doucement. Elle n'a rien a craindre de la rue. La femme est née dans la rue ? Mais la rue n'est plus, la rue change, elle se transforme et se tords.

-Je n'ai fait que vous mettre en garde, je n'ai pas attaqué ce que vous etes. Votre coeur peut être de glace, vous n'avez pas a vous justifiez. A moins que...Vous en sentiez l'obligation, bien sur.

Amusement. Oui, c'est cela de l'amusement qui l'anime. La fillette l'amuse par cet étendard qu'elle brandit. Ash' n'a pas jugé, elle n'a pas même essayé et déjà, "l'enfant" se dévoile, s'ouvre, laisse exposées ses failles. Dangereuse attitude, douceureuse moquerie. L'enfant amuse et Ash' en sourit. La fillette se défends d'une menace qui n'est pas.

-Je me sens chez moi, tout simplement. Ce n'était que des mots, pas des balles, bien que cela soit encore possible, mais la rue est calme et ronronne sans griffée. Prenez exemple si le coeur vous en dit.

Sîn sourit, la lueur amusée de ses yeux ne trompe pas. Forte ? Différente ? Oui, et l'enfant ne sait pas a quel point. Et là est sa force, sa volonté. Qu'importe les pouvoirs, les dons maudits, seule sa volonté lui permets d'afficher cette insolente assurance.

Invité

Les mots de la femme volent jusqu'à elle, trouvant un bien étrange et insolité écho en son être. Se serait elle donc montrée aussi hautaine et méprisante que cette femme le laissait si bien sous entendre ? Telle n'était certes pas son intention et à peine avait elle réalisé cela que les joues de la jeune femme s'empourprèrent légèrement. Une telle impolitesse, un tel manque de courtoisie envers un être dont elel ignorait tout et qui ne semblait guère lui démontrer la moindre animosité n'était certes pas dans ses habitudes. Il lui aurait été facile de se cacher derrière l'excuse si facile de ces si nombreuses heures, de ces jours entiers passés enfermée dans cette Clinique sans jamais fermer l'oeil plus de dix minutes. Raïden aurait pu se cacher derrière sa fatigue ou même un réaction de protection... Mais c'eut été mal la connaître. Elle n'était peut être encore qu'une enfant aux yeux de celle qu'elle venait apparemment d'amuser si ce n'est même d'offenser mais elle savait reconnaître ses erreurs.

Se détachant prestement du mur, la jeune femme alla alors à la rencontre de la femme à la chevelure blonde et lui souriant avec douceur et sincérité, lui tint ce discours :

- " Je vous prie de bien vouloir excuser ma conduite en effet bien hautaine et si terriblement cavalière... Je ne voulais pas vous agresser et vous m'en voyez désolée si telle est l'impression que je vous ai donnée. "

Puis, tendant une main fine et délicate elle poursuivit, son regard ambré étincellant de tous ses feux ::

- " Je m'appelle Raïden... Raïden Thanalis et je suis sincèrement confuse. Je devrais vous être plutôt reconnaisante de votre mise en garde. Il est vrai que ces rues, si familières à mon coeur ont beaucoup changé ces derniers temps... Et je suppose que nul n'y est vraiment à l'abri d'un mauvais coup du sort. " dit elle avec une sincérité touchante et quelque peu enfantine.

L'espace d'un instant l'image de son père défunt lui vint à l'esprit et la jeune femme se suprit à penser que ces rues, aussi dangereuses soient elles, étaient parfois bien plus sûres que certains foyers ! Mais elle ne laisserait pas ces sombres souvenirs l'entraîner sur une pente qui ne feraitq ue l'assombrir et la rendre plus maladroite et hautaine encore.

Sortant une cigarette de sa poche, elle l'alluma et en tira une longue bouffée. Elle sourit en pensant au sermon qu'Anaël n'aurait certes pas manqué de lui faire s'il l'avait vue ainsi. Puis, tendant le paquet ouvert à l'inconnue, elel ajouta :

- " Voilà une bien mauvaise habitude à laquelle je ne puis renoncer malgré tous mes efforts et les mises en garde de mes proches ! " dit elle en laissant fuser un léger et cristalin éclat de rire.

Puis, se détournant de la femme, elle laissa son regard errer un instant sur les rues, scrutant avec attention les quelques parcelles encore épargnées par le sombre manteau des ténèbres. Au loin, elle reconnut l'enseigne d'un petit établissement où elle aimait parfois à se rendre pour prendre un verre et décompresser après le travail. Elle le savait ouvert toute la nuit et bien que les individus fréquentant ce lieu ne soit guère des plus recommandables il était agréable d'y aller. Peut êtretenait elle là l'opportunité de racheter sa conduite du départ et de repartir sur de meilleures bases avec cetet mystérieuse apparition nocturne. Désignant d'un vague geste de la main l'endroit en question elle jeta un regard par dessus son épaule et demanda, un aimable sourire accroché sur ses lèvres :

- " Me laisseriez vous vous offrir un verre afin de vous faire oublier mon effronterie de tout à l'heure ? Si la nuit ronronne alors qu'elle veille sur notre rencontre et nous permette de faire plus ample connaissance... Qui sait ? Peut être nous découvrirons nous moins différentes qu'il n'y parait ? "

Ash' regarde le ciel, ce ciel noir et vide désormais. Le froid est éreintant, mais cela fait si longtemps qu'il est devenu un compagnon, un ami. Les yeux se baisse doucement, un fin sourire danse, ondoie sur ses lèvres. Raïden. Etrange prénom, pas plus que le sien pourtant. Ses mains, plongées dans les poches de son manteau s'échappent. L'une d'elle enlace les doigts fins, elle embrasse sa jumelle, mais point de délicatesse, la force soupire comme une panthère endormie dans son étreinte. Fermetée et determination mêlées de finesse.

-On m'appelle Tri.

Mensonge ? Non pas. Astéride se voile d'ombres. Ash' est connu, nébuleuse, térrifiante car sa poigne tiens les rênes de la sauvage rue. Astérise est femme douce, aimante malgré sa froideur, Tri est l'inconnue qui erre dans les rues, l'ombre qui égrène ses pensées au creux de son monde.

-Ne soyez pas désolée. Pour celui qui ne les hante pas tout les jours, les bas fonds gardent cette suave douceur. Mais elle est trompeuse et il ne vaut mieux pas l'oublier. L'enfant secouru aurait très bien pu profiter de votre générosité. A votre place, je vérifierais mon sac à main.

Ses prunelles bleutées, enchassées dans l'écrin félin de ses yeux suivent doucement les traits qu'elle découvre à la lumière d'un lampadaire. Douce, douce enfant, trop douce pour traverser les rues a cette heure. La volonté est latente dans ce regard rêveur. Ash' parle, Ash' sourit, Ash' est bienveillance pour l'enfant et plus loin, ses hommes attaquent un wagon. D'un geste grâcieux, elle refuse le poison.

-Merci, mais j'ai arrêté il y a quelques années.

Son regard étrange, trop sombre suit les volutes de fumées qui s'échappe en silhouette enlacées. Et la proposition tombe. Ash' est elle surprise ? Peut être, trop confiante douce enfant. Mais illusion est son essence, elle cache, elle préviendra. Sa tête se tourne lentement, elle se meut toujours avec cet étrange mélange de nonchalance matinée de danger latent. Elle connait ce lieu, elle sait qui le tien, elle sait que le secret sera gardé car la vie ne tiens qu'a un fil. Les mots de Raïden étirent le berceau langoureux de sa bouche. Différentes, peut être semblables, nul ne peut vraiment savoir. Mais personne ne connait Sîn, personne ne peut se prévaloir de savoir les secrets que cache l'ombre bleutée de son regard, Personne sauf un.

-Pourquoi pas, personne ne m'attends et je dois dire qu'un verre ne serait pas vraiment de refus.

Invité

La Basse Ville... quartier étrange et dangereux qui semble s'être abandonné depuis longtemps et pour toujours aux bras de cette maitresse si exigeante qu'est la pénombre. Froide maitresse qui chaque jour resserre son emprise ténébreuse sur ce lieu qui semble oublié de tous sauf des pauvres âmes qui y logent encore. Endroit presque maudit pour lequel les Deiux eux même ne semblent plus avoir le moindre regard.

La cigarette du jeune et candide médecin se consumme lentement au bout de ses doigts fins alors que la voix si particulière de Tri s'élève dans les airs. Un vague sourire flotte sur ses lèvres alors qu'elle évoque la suave illusion de ces quartiers perdus. Raïden sait que cette femme a raison. Les rues, les maisons, les gens même ont changés. Plus rien n'est pareil à présent. Aussi surement que la peur et l'inquiétude se sont répandues sur cette zone, le coeur de ses habitants s'est endurci. Maintenant tout n'est plus que méfiance et doute. Impossible de faire quoi que ce soit sans tout de suite attirer à soi des regards dubitatifs et parfois même franchement soupçonneux. Içi on doute de tout et de tout le monde... Mais pas elle.

- " L'enfant aurait pu m'arracher mon sac que je ne l'aurais pas retenu... Nécessité fait parfois loi. De plus, et au risque de passer pour une sotte, j'aime à penser que la bonté et la génrosité ne restent jamais vaines... même en ce monde agité de troubles. Je suis une rêveuse Tri... Un être qui préfère voir l'étincelle de pureté plutôt que le brasier où se mêlent vice et méchanceté. " dit elle d'une voix mélancolique.

Ses prunelles ambrées se posèrent sur celle dont émanait à la fois douceur latente, force et détermination. Qui que soit cette femme, Raïden la savait déjà hors du commun. Sa poignée de main aussi délicate qu'une fleur mais aussi virile que celeld 'un homme, son regard troublant et mystérieux, sa voix posée qui distillait si bien de sages paroles. Il y avait chez cette femme quelque chose de sulfureux, d'incandescent presque.

- " Ces rues que je pense encore et malgré tout connaître... Comment ont elles pu changer à ce point que tous craignent de s'y trouver une fois la nuit venue ? Le danger rôde, vous avez raison... Même si parfois le pire se terre derrières les facades défraîchies de ces lugubres bâtisses ! " laissa t'elle échapper, son esprit s'envolant un instant vers cet appartement où elle aurait du se rendre sans tarder plutôt que de se préparer à aller boire un verre.

Lorsque la troublante Tri eut accepté son invitation, un franc sourire vint illuminer son visage aux traits quelque peu tirés par la fatigue accumulée de ces derniers jours. Ses yeux s'animèrent d'une joie presque enfantine et c'est d'une démarche souple et presque féline que la belle se dirigea vers l'établissement. Le bruit de leurs talons résonnèrent étrangement sur le pavé de ces rues désertes et pas un mot ne fut échangé, comme si l'une comme l'autre désiraient profiter du calme illusoir de cette nuit naissante. Alors qu'elles arrivaient devant la porte du petit bar, Raïden sembla hésiter un moment. Elle n'aurait pas du être là... Dans quelques heures à peine il lui faudrait se rendre de nouveau à la Clinique et repartir pour de très longues heures de travail. Venir içi était tout sauf raisonnable. Un petit sourire en coin s'étira sur ses lèvres pulpeuses alors qu'elle posait délicatement sa main sur la poignée de la porte l'ouvrant doucement. Raisonnable était l'un de ces mots dont elle avait, et depuis bien longtemps déjà, oublié la signification !

Un petit souffle s'engouffra à la suite des deux jeunes femmes lorsque celels ci pénétrèrent dans les lieux. Saluant d'un bref signe de la tête le patron ainsi que quelques autres habitués qu'elle connaissait plus ou moins, Raïden se dirigea presque machinalement vers ces hauts tabourets qui faisaient face au comptoir à la propreté parfois douteuse. Se perchant sur l'un d'eux, elle fit signe à Tri de venir la rejoindre, puis s'accoudant sur le comptoir, laissant sa tête à la mine candide venir reposer sur sa main, elle laissa son regard errer sur les rangées de bouteilles lui faisant face. si sa raison lui soufflait de se montrer prudente, elle qui ne supportait que peu l'alcool, une autre voix, plus pernicieuse elle, lui sussurait de, pour une fois, se laisser aller.

- " Pour moi je pense que ce sera un double scotch sans glace... et pour vous ? demanda t'elle aimablement. Je préfère vous prévenir cependant : je ne supporte absolument pas l'alcool ! dit elle en laissant son rire innocent fuser. Puis le regard plus sombre, elle ajouta Mais ce soir, j'en ai besoin... Je veux oublier, même si ce n'est que pour quelques heures..."

-L'enfant aurait pu vous planter un couteau en plein coeur que vous seriez morte avec le sourire.

Répliqua doucement Ash'. Légèreté de la voix face a la dureté des mots. La Ville Basse est son domaine, elle y fait régner la loi des Sîn. Respect pour la force, la volonté. C'est une façade, c'est une obligation, ou c'est mourir dans un coin tel un chien. La bonté et la douceur agonisait lentement, surement dans les ruelles froides et austères.Il arrivait parfois qu'une étincelle s'allume, forte et belle, et la Reine aimait a la protéger du vent vicieux. Ne jamais oublier que la rue est vorace pour les tendres, qu'elle aime a les avaler, les savourer, qu'elle adore leur cris silencieux d'agonie alors qu'ils glissent vers la violence.

-Le rêve peut virer au cauchemar. Ne l'oubliez jamais. C'est une loi intangible que celle qui régit les piranhas de béton.

La courbe pleine de ses lèvres ne frémit pas, elle garde ce sourire étrange, illusoire, entre rêve et cauchemar. Carnage que cette pureté jetée aux flots destructeurs de la geulle de béton, femme trop douce et pure pour errer dans ses eaux ténébreuses. Mais Ash' ne juge pas, jamais. Elle est dure, de marbre, mais elle est enfant de la rue, femme de la rue. Ainsi a fait d'elle cette vie. Elle garde le silence alors que l'écho de leur pas résonne dans la nuit. Ash' aime cette ambiance, elle la traverse comme un navire dans la tempête. Fougeuse et sauvage, dangereuse par bien des côtés, protectrice aussi, lorsqu'elle est touchée. Et son aile se déploie autour de l'innocente alors qu'elles pénétrent un lieu pervertis. L'homme ne lui jette qu'un coup d'oeil, mais il sait. Il devine, alors Raïden sera invulnérable désormais, ou presque...Sîn a des ennemis, beaucoup, mais le bien qu'elle a produit contrebalance les manières.

Le félin ronronne dans ses gestes alors qu'elle rejoint la pureté, alors qu'elle s'installe sur un tabouret. Ash' sourit, dévoilantla blancheur de ses dents, un sourire qui nait rarement, l'un de ceux qui sont inconnu et recherché. Encore une fois, elle ne dormira pas, pas encore. Elle a l'habitude, la nuit, les ténébres....Elle sait.

-La même chose.

Dit elle de cette douceur trompeuse qui la caractérisait. Pourtant, elle connait la soie, le satin...Mais pour cette caresse, il faut l'aimer, il faut la confiance et cela c'est un cadeau qu'Ash' n'offre pas. Presque jamais...

-Mmh..N'espérez pas que je vous fasse un sermon, ce n'est pas trop mon genre, mais si vous désirez une oreille, déversez votre haine, douleur, écoeurement. Je peux vous la tendre. L'oubli n'apaise pas le tourment. Jamais.

Elle remarque le léger tremblement du barman lorsqu'il pose les crystal ambrés de leur verres, et son sourire prend des allures félines.

Invité

Les discussions se firent murmures alors que les deux jeunes femmes s'assirent et passèrent commande. Cet endroit d'habitude si vivant pour en point dire tout simplement très animé semblait ce soir bien calme. Raïden avait senti les regards qui s'étaient braqués sur sa compagne lorsqu'elles avaient toutes deux franchi le seuil. Elle avait remarqué ces regards qui d'habitude si soutenus et pleins de concupiscence se faisaient ce soir si fuyants et si agréablements légers. La jeune femme comprit tout de suite que ce brutal changement d'attitude était, ne pouvait être dû qu'à la présence de Tri à ses côtés. Sinon comment expliquer que, pour une fois, pas un seul de ces mâles prédateurs ne soit encore venu l'importuner ? Et comment expliquer que le barman d'habitude si enclin à bavarder se montre ce soir là si distant et maladroit au point de manquer de renverser leurs verres ? Décidément il y avait chez sa compagne un parfum de souffre qui l'intriguait de plus en plus. Qui était donc cette femme capable de par sa seule présence d'en imposer à autant d'hommes à la fois ?

Délicatement elle se saisit de ce verre dont la couleur délicieusement ambrée faisait écho à celle de ses yeux. Laissant un instant son regard errer sur cette mer alcoolisé, elle ne put s'empêcher de se demander ce qu'Anaël penserait d'elle s'il la voyait ainsi, prête à s'abandonner aux plaisirs de l'ivresse. Sans doutes beaucoup de choses et pas forcément des meilleures ! Mais ce soir, la jeune femme s'en fichait pas mal... ou du moins tentait elle de s'en ficher. Levant légèrement son verre, elle laissa échapper du bout des lèvres, dans un murmure à peine audible :

- " Je bois à ta santé et à la réussite de tes projets mon doux Anaël... Puisses tu seulement avoir raison..."

Puis elle avala une longue rasade de ce breuvage qu'elle savait pourtant si mal supporter. Elle apprécia la sensation de chaleur qui se propagea en elle alors que le liquide glissait lentement au fond de sa gorge. Tout comme elle aima sentir son esprit vaciller quelques instants après, déjà soumis aux vapeurs de l'alcool. Boire sans avoir rien mangé depuis des lustres était une bien mauvaise idée et en tant que médecin elle aurait du le savoir... Mais cette première gorgée ne semblait pas avoir suffit à étancher sa soif et celle ci fut donc bientôt suivie d'une autre et encore une autre. Les joues de la jeune femme s'empourprèrent légèrement alors qu'elle se sentait détendue. Cela faisait une éternité qu'une telle chose ne lui était pas arrivé !

-" Je vous remercie... dit elle en adressant un franc et si timide sourire vers celel qui l'intriguait plus que jamais ; Croyez moi, je suis idéalement placée pour savoir l'importance de pouvoir trouver quelqu'un à qui se confier. Un être à qui confier, sans même en attendre de retour, ses tourments les plus profonds et les plus sombres. Après tout, n'est ce pas ce que je fais moi même à longueur de journée ? " dit elle simplement sans ironie ni amertume aucunes.

Puis elle reposa son verre déjà bien entâmé sur le comptoir pour se saisir d'une autre cigarette qu'elle alluma aussitôt. Son regard virevoletant, se perdant dans les volutes bleuâtres, elle sourit innocemment. De ce sourire qui en disait tant sur cette fraîcheur, cette candeur même qui la caractérisaient si bien alors même qu'elle persistait à s'en défendre.

- " Quant aux sermons je vous suis aussi gré de me les épargner... Ils viendront déjà bien assez vite n'ayez crainte ! Comme si je n'étais qu'une iconsciente enfant incapable de prendre soin d'elle toute seule... dit elle rêveuse. Se reprenant, elle leva son verre vers sa voisine, et l'invitant à trinquer : Je bois à l'Avenir... Puisse t'il voir les voeux de ceux qui nous sont chers se réaliser." dit elle en trempant le bout de ses lèvres dans le nectar auquel elel était en train de prendre goût.

Ses yeux divaguèrent encore un moment sur la sorte de faune qui l'entourait et dont elle semblait, pour une fois, remarquer le côté dangereux. Elle était venue içi tant de fois et pourtant jamais auparavant elle n'avait réalisé à quel point ce lieu pouvait se révéler dangereux pour un être aussi pur ou innocent qu'elle. Etait elle à ce point tête brûlée ou aimait elle à jouer avec le feu avec en tête un bien inconscient désir de s'y brûler ? Allez savoir...

- " Vous confier ma haine ? Si seulement je savais haïr peut être saurais je alors plus apte à me protéger de tout ce monde qui m'entoure, me happe et finira certainement par me broyer un jour... Mon ecoeurement ? Là non plus je n'en éprouve aucun... Mes rêves me poussant à ne m'attacher qu'à la beauté, la bonté et l'espoir sans lesquels je ne pourrais vivre... La douleur...la douleur par contre est une vieille, très vieille et bien trop fidèle amie... " dit elle en vidant son verre et en commandant aussi sec un autre.

Enfant qui cherche l'oubli dans son verre. Ce n'est que le repousser, elle a apprit depuis longtemps. L'alcool est un refuge illusoire, un rempart de papier, un bouclier de verre. L'alcool embrouille et envoute. Le poid devient si léger, si aérien, mais ce n'est que leurre. Elle le sait si bien...Mais elle n'arrêtes pas la main de l'enfant. Une fois, deux fois, plus...

L'effet est presque immédiat, déjà le regard se trouble, la flamme vacille, la raison s'échappe. Ash' ne dit rien, pas encore. La panthère regarde et prévient, les yeux se baissent. Elle est dangereuse et ils le savent...Un nom. Juste un nom murmuré, susuré, l'Etoile s'aiguise, ses feux s'animent, seuls signes qu'elle connait ce nom. Mes ses lèvres restent closes, elles ne frémissent pas, aucuns muscles de son visagene bougent, statue de marbre, statue d'argent. Elle laisse la pureté se purifier, se dévoiler, offrir son flanc...Son sourire immaculé.

-Ecouter est facile, vivre les tourments en est une autre. Mais écouter c'est épauler. Je ne vous connais pas, vous n'avez pas a craindre un jugement quelconque. Si cela se trouve, vous aurez oublié mon nom dès demain.

Aucune réprobation, aucune deception, juste un constat, un étrange constat. Ash' est jeune encore, mais sa vie égale les siècles. Le sourire de l'Etoile se teinte de moquerie lorsque l'enfant se targue de maturité, de conscience. Elle a tord, si tord. L'errance dans la Ville Basse, les pas qui ne savent où ils se dirigent. S'envelopper d'un parfum de danger. C'est de l'inconscience. Se saouler avec une inconnue, c'est de l'inconscience. Mais Ash' n'est pas conscience, elle n'est pas ange gardien, elle n'est pas sa mère alors elle se tait. Gardant pour elle, le tourbillon sans cesse mouvant de ses pensées. Elle lève son verre et l'envoie s'entrechoquer avec celui de l'enfant. Son esprit souhaite la venue du temps, la venue de l'Exode. Pour Andréa. Mais elle murmure, ce n'est pas un Voeux.

-Vous savez haïr, n'en doutez pas, tout le monde connait la haine. Seulement, peut être ne l'avez vous pas reconnu, tout simplement.

Ash' boit doucement, lentement, elle voit le piège tendu, mais n'y tombera pas. L'alcool peut enivrer, peut illusionner, mais elle ne se laissera pas prendre.

-Vous etes utopique, Raïden. Trop. Rêver est douceur parfois, mais aussi torture lorsqu'il s'échappe. Quant à la douleur....

La courbe sensuelle des lèvres s'incurve, ironie ? Cynisme ? Espoir ? Peut être un curieux mélange de tout cela.

-Nul n'ignore ce qu'est la douleur, elle est notre amie a tous, je le crains. Seule la cause diffère. Quelle est la votre ?

Invité

La vie... étrange et bien facétieuse comédie que celle là ! Et bien fou ou inconscient celui qui se leurre en pensant pouvoir en maîtriser le cours... Nos vies, nos destinées nous appartiennent elles vraiment ou ne sommes pas plutôt de piètres acteurs, de pauvres marionnettes soumises à la volonté d'un mystérieux metteur en scène ? Un être tantôt bon et généreux, tantôt vil et cruel. Un être qui se joue de nous et qui s'amuse à nous voir nous débattre, nous pauvres inconscients, en tentant de prendre le contrôle d'un Destin dont nous ne serons pourtant jamais les maîtres.

Voilà ce que la belle enfant ressent depuis longtemps, trop longtemps déjà. Raïden sent sa vie lui échapper, son Destin n'étant déjà plus entre ses mains et elle ne le sait que trop bien. Elle qui a toujours décidé de tout ou presque dans sa vie, elle dont la volonté et la détermination ne manquent pas... là voilà se sentant comme prise au piège au sein d'un tourbillon. Elle ne regrettait certes pas ses décicions et si on en laissait l'opportunité sans doutes ferait elle à nouveau les mêmes choix. Elle avait pris la décision du coeur et celel qui lui paraissait la plus juste alors... Mais aujourd'hui elle craignait de voir comment tout cela allait bien pouvoir se finir...

- " Vous avez bien raison : "écouter c'est épauler"... reprit elle son regard éternellement songeur ; Vous pourriez être docteur avec un tel raisonnement... dit elle en reposant son verre et en plongeant son regard ambré dans celui de Tri. Un sourire rieur s'afficha sur son visage alors qu'elle ajoutait ; Quant à savoir si j'aurais oublié votre nom demain... Peut être l'alcool fera t'il son effet qu'en sais je encore ? La nuit vient à peine de débuter... Mais je souhaite qu'il n'en soit rien... J'aimerais sincèrement me souvenir de vous Tri..."

Le regard ambré se fit discret alors qu'il scruta l'environnement dans lequel les deux jeunes femmes se trouvaient. Un endroit où peu de gens oseraient s'aventurer seul... Un endroit où il ne faisait certes pas bon s'attarder une fois la nuit tombée et les "piranhas du béton" sortis.... Un endroit où, pourtant et contre toute attente, elle commençait à se sentir vraiment à son aise. L'alcool avait achevé de réchauffer son corps transi de faim et de fatigue aussi Raïden se défit elle de son blouson, le posant négligemment sur le dossier de son tabouret. Après avoir commandé un énième verre, elle revint vers la belle blonde qui siégeait, toujours aussi sereine à ses côtés, et parla en ces termes :

- " La haine ? Non je vous l'assure je n'en ai point. J'aurais pu en éprouver il y a fort longtemps pour celui qui ne vit jamais en moi son enfant mais bien plus un joli jouet... Mais non. Je n'ai jamais ressenti de haine juste de la peine ... et peut être un peu de culpabilité d'avoir su lui inspirer de si déviants penchants. Et si je n'ai pu hair celui que je nommerai toujours mon Père quoiqu'il m'ai fait endurer, il n'y a personne que je puisse jamais hair. A part peut être moi même, mais cela est un tout autre problème... "

Sa voix se tut alors que le barman, la main toujours aussi tremblante et le regard toujours aussi tremblant vint apporter sa commande. Se laisser aller à s'épancher auprès de l'oreille si attentive de Tri était une chose, se confier devant un homme inconnu et ne lui inspirant pas la moindre confiance en était une toute autre !

- " Utopiste ? Certainement le suis je... Quel mal y aurait là franchement ? Sans ces rêves auxquels je tiens jamais je n'aurais pu survivre dans ce monde auquel je me sens si peu appartenir ! Jamais je n'aurais pu devenir médecin ni même rencontrer celui qui est devenu, au fil des ans, un ami... Ma bonne etoile même..." dit elle dans un souffle comme si elle venait d'avouer un tendre secret.

Son regard se figea lorsque la bouche sensuelle de la femem de tête prononça à nouveau le mot "Douleur" et presque aussitôt la main légèrement tremblante de l'enfant se saisit de son verre. Mais cette fois ci elle ne le porta pas à ses lèvres, comme si son esprit s'envolait déjà vers les méandres de sa propre douleur. Raïden eut à nouveau froid, tellement froid. Elle rougit et se dépêcha de remonter le col de sa chemise, tirant sur les manches de son pull comme si elle eut voulu se faire toute petite et disparaître.

- " La cause de ma douleur ? Mon incapacité à éprouver de la haine justement... Mon refus de répondre à la violence par la violence... Ma trop forte envie d'aimer aussi peut être..."

-Docteur ? J'aurais pu, peut être. Mais l'écoute n'est pas l'apanage des medecins ou des sages. Je crois, malheureusement que la sagesse m'a oublié depuis longtemps.

Sagesse. Sérénité. Tant de mot qui ne trouve aucun écho en elle. Elle regarde le barman revenir, elle saisit la fuite de ses yeux, en sourit...Comme un prédateur. Elle aimerait ne pas oublier Sîn. Mais cette rencontre n'est que hasard...Ou peut être dictée, souffle cette voix douce a ses oreilles. Petite voix qui exprime ses pensées dérangeantes parfois.

La fumée de la cigarette chatouille suavement ses narines, mais elle ne cedera pas, parce qu'elle a décidé d'arrêter et Ash' est de fer lorsqu'elle s'impose. L'endroit tourne doucement, tranquillement. La Plèbe, si pauvre, si brimée, cherche l'insouscience en ce lieu. Elle sait que certains viendront s'oublier dans la musique et les combats qui rythmaient la vie de l'Entrepot. Ils viendraient s'offrir un Paradis ephémère, dansant, les yeux fermés au coeur d'un bâtiment froid. Elle sait qu'ils viendront se perdre dans les bras de Sîn.

-La haine porte beaucoup de visages, vous savez. Mais vous etes de ceux qui pardonne et compatisse. C'est une chose rare, Raïden. J'espère sincèrement que votre innocence gardera cette flamme qui vous anime.

Les glaçons dansent dans le verre, il tourbillonnent alors qu'elle lève la boisson a ses lèvres. L'alcool est fort, tendre sur sa langue. Ses yeux se ferment a demi alors que la chaleur envahit son corps, alors que l'or du pauvre se deverse dans sa gorge. La pureté parle doucement, elle est rêveuse et douce. Les mâchoires de l'horreur la déchiqueterons si facilement.

-Les rêves portent ou détruisent. Prenez juste garde a ne pas vous laissez avaler par leur amertume lorsqu'ils s'échappent. Ils sont force comme faiblesse.

Ash' ne rêve plus, depuis si longtemps. Et pourtant, n'est ce pas un Rêve qu'Andréa a fait naitre dans leur coeurs ? Si, certainement, mais ce n'est pas un rêve pour elle. C'est un trésor pour les siens, une autre vie pour sa petite soeur...C'est pour eux qu'elle se bat, comme c'est pour la lie qui boit en silence qu'elle a battit Sîn.

-Vous savez la violence n'est pas toujours la bonne réponse. Mais parfois, elle est le seule moyen de faire naitre le respect. Ici, ils ne connaissaient que cela, mais il suffit d'un rien pour leur montrer qu'autre chose est possible. Helàs, la rue a ses lois. Peut être que dans votre monde, elle n'a pas lieu d'être, mais ici, elle règne. Quant a l'amour...J'aime, énormément même, avec autant de passion que je peux haïr.

Invité

- " Pardonnez moi mais je ne pourrais jamais croire que la violence puisse être la réponse ni le déclencheur à quoi que ce soit de bon... On dit que des cendres de la terre brûlée la vie peut renaître, plus belle et plus forte que jamais... Mais à mes yeux la violence n'engendre qu'une seule chose : sa soeur jumelle plus vindicative et plus perfide encore. Et je me refuse à entretenir ce cycle infernal... Même si je peux parfois en faire les frais... " dit elle d'une voix que la tristesse faisait légèrement trembler.

Puis elle se détourna du comptoir, comme dans un subit et bien irraisonné sursaut de témérité et de défi. Soutenant les regards surpris des pauvres âmes errantes qui se trouvaient là , elle les observa avec insistance. Elle se moquait bien de ces sourires en coin qui se dessinaient sur ces lèvres alors qu'elle leur montrait si bien sa faiblesse et son innocence. Peut être ne réalisait elle même pas que sans cet étrange Ange gardien blond à ses côtés, cela ferait déjà bien longtemps qu'elle se serait retrouvée dans de sérieux ennuis ! Mais Raïden les regardait, laissant son regard ambré s'arrêter sur chacun d'eux, comme si elle eut cherché à voir ce qui se cachait derrière ces mines parfois patibulaires, parfois éteintes. Comme si elle avait voulu se prouver à elle même et à Tri, que même içi, on pouvait trouver une étincelle de beauté et de bonté.

- " Le monde ne peut se résoudre à de la violence et de la haine ! Cela ne se peut ! Quel espoir, quel rêve nous resterait il alors ? A quoi servirait il de vivre dans un tel monde ? Je ne le voudrais ni ne le pourrais je le crains fort... Et si mes rêves doivent me porter alors ils seront ma force pour combattre, à ma façon, cet état de fait. " dit elle retrouvant son habituel sourire confiant et d'une infinie douceur.

Elle savait que ses mots ne trouveraient sans doutes qu'un bien faible écho dans le coeur de cette femme si sereine et si sage d'apprence malgré ce qu'elle prétendait. Une femme féline dont Raïden admirait, sans pour autant l'envier, la force tranquille et la froide détermination que ses propos laissaient transparaître. Une femme aux antipodes de sa propre personnalité, une femme secrète et au caractère bien trempé. Une femme que, malgré toutes leurs différences elle venait peu à peu à apprécier.

-" Quant à l'Amour... Celui ci revêt tant de masques, tant de visages différents... On peut chérir les membres de sa famille, ses amis. On peut sentir son coeur se mettre à battre fort, tellement fort pour le regard d'un homme. On peut aimer l'innocence rieuse au fond des yeux d'un enfant. L'Amour... Il réchauffe parfois mais se fait si souvent brasier, ravageant tout sur son passage... Je rêve de lui parfois, même si je dois bien avouer qu'il est sans doutes l'une des choses qui m'effrayent le plus au monde. Vouloir aimer est une chose. En être capable et y être prêt en est une toute autre, ne pensez vous pas ? "

Ash' sourit, elle laisse la courbe attirante de ses lèvres s'incurvée, lentement, peu à peu. L'amour. Un bien grand sujet que celui là. Lui et sa soeur jumelle. Ils étaient au coeur de tellement de vie, d'existence. Chefs d'orchestres indomptables, incontrôlable, ils jouaient avec le destin. Facétieux petits anges, cruels petits démons. Ash' sait, elle sait ce qu'est l'amour. Pour une mère au visage si fatigué, noyée sous le flot de son passé. Pour un enfant, trop grand, trop maigre mais aux yeux de lumière. Pour cette petite fille qui s'épanouit sous l'aile de Sîn. Mais Ash' cache et voile. Elle aime mais ils ne le savent pas. Ils ne le sauront jamais.

-Est on jamais réellement pret a aimer ? Mmmh...Je ne sais pas. Mais pourquoi refuser ce qui est inévitable ? Aimer, Haïr....De simples mots pour exprimer la tempête qui parfois s'enivre et échappe au contrôle.

Ash' plonge la nébuleuse de son regard dans son verre. Haine. Elle connait, trop, elle brûle parfois, consume sous son brasier les coeurs trop purs. Les feux de ses yeux glissent doucement vers l'enfant.

-Vous etes trop douce pour cette vie, forte aussi. Un étrange mélange.

Ses lèvres s'habille de mystère alors que coule ses mots. Elle aime cette douceur, mais ne l'envie pas. Sa vie n'a pas de place pour la tendresse. Elle n'a de vie que dans la fougue et la colère. Elément déchainés de passion. Vivre en sachant que demain peut être le dernier. Elle ne fait que ça depuis sa naissance. Petite fille sauvage, jeune fille mordante, femme de l'ombre.

-On ne décide pas d'aimer, on aime point final. A nous de savoir en supporter les conséquences, d'accepter le prix que cela implique. Et ce n'est pas chose aisée. Alors certain se dissimule sous la violence, cachant les blessures de leurs âmes. Parfois, aimer c'est frapper, haïr c'est embrasser. On ne sait jamais réellement ce qui nous attends demain.

Ash' sourit toujours lorsqu'elle porte son verre a ses lèvres. Un nom danse dans son esprit, un nom qu'elle taira.

Invité

Le temps s'égrénait lentement dans cet espace clos où l'alcool coulait à flot, laissant les esprits purs s'embrumer au point de trop bien se dévoiler. Le temps ne semblait pas avoir de prise sur cet endroit, comme si, entre ces murs il n'avait plus le droit de cité. Les minutes, les heures passaient doucement et pourtant la nuit semblait à peine de commencer. Par la petite vitre poussiéreuse du bar, un regard ambré se laissa aller à admirer ces ténèbres qui couvraient maintenant l'ensemble de la Basse Ville. Sombre manteau dans lequel elle aimerait à se perdre. Une fois, rien qu'une fois... Laisser la douceur, la timidité et la raison de côté pour n'être plus que feu et passion. N'être plus médecin ni femme soumise à un homme qu'elle n'aimamit même pas et enfin être une jeune femme insouciante. Une fois, rien qu'une fois être libre de se laisser complètement aller !

La jeune femme soupira lentement alors que ses lèvres se portaient une fois de plus sur son verre. La fatigue semblait l'avoir quittée, et peu à peu les forces de l'enfant lui revenaient et un nouveau feu s'alluma en son coeur. Le scotch se déversait en elle mais ne l'enivrait plus. De sournois il s'était fait amical et revigorait l'enfant, comme s'il eut envie de la voir se perdre dans les méandres de l'insouciante inconscience vers laquelle elle se dirigeait si surement.

- " Trop douce... en effet ! dit elle en lançant un sourire rieur à la belle mystérieuse qui l'accompagnait ; Trop douce, trop raisonnable aussi je le crains... Mais qui sait ? Cette nuit saura peut être m'ouvrir de nouvelles perspectives ? " dit elle d'une voix enthousiaste.

Elle plongea alors son regard dans celui de Tri. Cette femme qui sembalit si bien connaître ces rues au point de ne plus rien y craindre. Cette femme que tous semblaient respecter ou peut être même bien craindre...Cette femme représentait peut être l'unique chance de Raïden de pouvoir se glisser, pour quellques heures seulement, dans les mystères dont regorge la Basse Ville une fois la nuit tombée. Et puis... peut être parviendrait elle ainsi à oublier Anaël ? Lui et la violence cruelle de ses mots ! Rien que pour cela elle aurait pu s'enivrer jusqu'à la fin de la nuit !

- " L'Amour est une chose bien trop facétieuse et perfide pour que je désire m'y abandonner coeur et âme. Mais je ne suis pas différente des autres... Et mon coeur bat lui aussi. Pour chacun de ces visages que je vois à la Clinique. Pour chacun des enfants dont la détresse me bouleverse. Et même... même pour lui, ce parangon de dureté qui me trouble autant qu'il me rejette. Je suppose que cela pourrait aussi être considéré comme de l'amour ... dit elle les joues empourprées et un sourire rêveur sur les lèvres.

Alors elle se leva a nouveau. Un court instant ses jambes se firent flageolantes mais très vite la jeune femme récupéra son équilibre. Elle sourit alors à sa belel compagne et se dirigea lentement vers la porte d'entré, entrouvant légèrement celle ci. L'air frais vint caresser son visage, la libérant des dernières brûmes éthyliques qui l'étreignaient encore. Au loin, elle voyaient quelques ombres fuyantes sortir de leurs maisons et se diriger, d'un pas hâtif vers un même endroit. Etrange procession silencieuse dans ce monde de noirceur. Le regard de la jeune femme se mit à étinceler de milles feux. voilà qui était interessant ! Bien décidée à ne pas s'arrêter en si bonne voie, bien résolue à ne jamais laisser cette nuit finir, Raïden fit brusquement volte face et lança sur un air chantant sans même se préoccupper ni même remarquer les regards quelque peu concupiscents qui glissaient doucement vers elle :

- " La nuit vient à peine de poindre et déjà les ombres sortent... Où vont elles donc ? puis elle se rapprocha de tri et lui demanda, comme une enfant l'eut fait à sa mère ; Vous qui savez tout de ce qui se passe en ces lieux j'en suis certaine... Dites moi donc où se rendent ces fantômes ? Je ne sais pourquoi mais mon corps tout entier vibre d'envie de les suivre ? M'accompagneriez vous aussi ? Il y a tant de choses que j'aimerais confier à votre oreille attentive ! Il y a tant de choses que j 'aimerais pouvoir vous dire sur lui, sur mon Etoile, sur moi peut être même..."

L'entrepot

» Un simple caprice
» Course pour la survie
» Beaucoup de bruit pour rien[Medea]